Ce 11 novembre 2022, sous un soleil radieux, plus de 200 personnes avaient répondu à l’appel du Comité laïque des amis du monument aux morts de Gentioux (CLAMMG) pour le 35ème rassemblement pacifiste devant l’orphelin de bronze qui brandit le poing depuis 99 ans vers l’inscription gravée dans la pierre : « MAUDITE SOIT LA GUERRE ! ». La cérémonie municipale venait d’avoir lieu, au terme de laquelle monsieur le Maire, Benjamin Simons, avait exprimé une pensée parfaitement conforme à celle gravée sur le monument.
Régis Parayre, Président du CLAMMG, a d’abord rendu hommage à une militante pacifiste de la première heure, Christine Laubary-Besson :
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Chers es camarades, chers es amis es,
Avant de donner la parole aux représentants des organisations inscrites, je veux évoquer la mémoire d’une camarade qui a toujours soutenu notre rassemblement et qui, avant que la maladie n’accomplisse son œuvre funeste, a toujours été parmi nous, tous les 11 novembre depuis plus de trois décennies : c’était une pacifiste convaincue. Cette camarade, c’est Christine Laubary-Besson qui s’est éteinte le 22 septembre dernier. Christine qui était enseignante fut une militante syndicale perspicace et énergique, toujours sur le devant de la scène pour défendre les statuts, pour défendre l’école publique et la laïcité. Fort logiquement, elle rejoignit la Libre Pensée au sein de laquelle ses convictions purent s’exprimer et servir la cause commune. Elle occupa une place très importante dans la construction de l’Alliance internationale de la Libre Pensée (AILP) et fut membre du conseil des droits de l’homme à l’ONU au titre de cette même AILP.
En dépit de ces engagements très forts, Christine était attachée à notre initiative pacifiste annuelle, autour de l’orphelin de bronze de Gentioux. C’est ainsi qu’elle prit la parole, à ce même micro et au nom de la Fédération nationale de la Libre Pensée, à l’occasion de notre rassemblement du 11 novembre 2018. Qu’elle en soit encore remerciée. Avant de terminer je tiens en votre nom, à dire tout notre soutien à Philippe son compagnon. En souvenir de cette camarade de lutte, je vous invite à observer une minute de silence.
Je vous remercie.
Régis Parayre intervient au nom du CLAMMG
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Après l’hommage à Christine, nous allons maintenant reprendre le cours normal de notre rassemblement et tout d’abord il me faut vous remercier de votre présence à cet instant pour notre 35ième rassemblement pacifiste. J’espère que vous avez eu le loisir d’apprécier le féerique spectacle de couleurs automnales donné par notre plateau de Millevaches en cette belle journée ensoleillée. Je veux aussi remercier monsieur Benjamin SIMONS, Maire de Gentioux, qui nous a facilité les choses pour l’organisation de notre rassemblement. Je remercie aussi Catherine COUTURIER, députée de la Creuse, pour sa présence parmi nous en dépit d’un agenda chargé nous le savons et qui prendra la parole. Il me faut rappeler que c’est la première fois qu’un-e député-e fait le déplacement de Gentioux à l’occasion de notre rassemblement pacifiste. Je remercie les représentants des unions départementales de la CGT et de la CGT-FO, je remercie le représentant de l’Union pacifiste et ceux du Mouvement de la Paix, je remercie la LDH pour son message que nous porterons à votre connaissance et je remercie Philippe BESSON, représentant de la Fédération nationale de la Libre Pensée, qui tous prendront la parole librement comme il est d’usage dans notre rassemblement.
Derrière les belles images évoquées en préambule, et tout ce silence qui suggèrent la paix, la sérénité et la confiance en l’avenir, s’impose la dure et glaçante actualité de la guerre aux confins de l’Europe orientale, la guerre qui depuis bientôt neuf mois déferle en Ukraine avec son cortège de mort et de souffrance pour les populations civiles. Nul ne peut contester que l’agresseur soit l’autocrate POUTINE et il faut exiger qu’il cesse les hostilités et qu’il accepte de s’asseoir à la table des négociations. Mais nous ne devons pas être naïfs et ne pas percevoir que, se saisissant de cette faute politique des dirigeants Russes, l’impérialisme américain et l’OTAN, son bras armée, ont décidé de mener une guerre par procuration contre la Russie. Le président saltimbanque Zelensky, trop heureux de se donner une stature politique qui lui faisait défaut, accepte de jouer ce rôle qui lui vaut la livraison massive et ininterrompue d’armements les plus sophistiqués. Le président BIDEN l’a maintes fois répété, cette guerre sera longue, volontairement longue, l’objectif étant d’épuiser la Russie, pays dont les récents revers militaires laissent percevoir cette perspective comme une chose réalisable. Le but ultime pour l’impérialisme c’est bien sur, comme ailleurs, de prendre le contrôle des immenses richesses du pays notamment dans le domaine du pétrole, du gaz et des minerais rares. Le président MACRON dans son rôle de supplétif zélé de l’OTAN livre aussi des armes, amasse des troupes aux frontières occidentales de l’Ukraine et n’entreprend rien qui pourrait aider à ce que s’ouvre une perspective de cesser le feu. Bien sûr, la guerre en Ukraine serait responsable de tous les maux qui nous assaillent, que ce soient l’inflation galopante, les pénuries en tout genre et le développement exponentiel de la misère. Bien sûr, guerre ou pas, une minorité de capitalistes et de banquiers s’enrichit de manière outrancière et l’industrie de l’armement est florissante avec des perspectives de dividendes particulièrement juteux pour des actionnaires repus. Rappelons qu’en matière d’armement la France est un des plus gros exportateurs. Emmanuel MACRON vient d’ailleurs de présenter les grandes lignes de la prochaine loi de programmation militaire laquelle, pour les sept prochaines années, portera la dépense à 410 ou 420 milliards d’euros soit en moyenne 60 milliards par ans alors que le budget 2023 était de 44 milliards ! C’est là le prix à payer de la soumission à l’OTAN qui exige de tous ses membres qu’ils portent leurs budgets militaires à 2% du PIB. Plus de milliards à l’armée, nous le savons, c’est moins de budget pour l’école, pour la santé et son hôpital public aujourd’hui en grand danger. Dans cette ambiance de fin du monde si l’on ajoute les sombres perspectives liées au réchauffement climatique, il est une bonne nouvelle, comme une lueur d’espoir. Je veux brièvement évoquer là, et je laisserai à d’autre le soin d’être plus diserts sur le sujet, évoquer donc la belle première victoire que nous avons remportée sur la question de la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la guerre de 1914-1918. Après plus de deux décennies de batailles il ne reste plus qu’à franchir l’obstacle du sénat qui devra adopter le texte dans les mêmes termes qui furent ceux de l’assemblée nationale pour espérer laver rapidement cette infamie. Il faut que dans tous les départements nous allions voir les sénateurs pour les convaincre d’agir ainsi. En Creuse c’est chose faite et cet engagement a été pris par nos deux sénateurs.
René Burget intervient au nom du Groupe limousin de l’Union pacifiste :
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Cher Orphelin de Gentioux,
Au nom de la section française de l’Internationale des Résistantes et résistants à la Guerre (IRG), le Groupe Limousin de l’Union Pacifiste (GLUP), vient, cette année encore, saluer ta monumentale intégrité antimilitariste.
Le réseau centenaire de l’IRG a été créé après la Première guerre mondiale. Il constate que, depuis le 24 février 2022, il se trouve un peu seul à soutenir les insoumis et déserteurs tant d’Ukraine (2 à 3 000) que de Russie (15 à 20 000). Dansces pays refuser de tuer, c’est risquer d’êtrefusillé pour l’exemple, jeté en prison, envoyé au goulag, lynché par les patriotes.
Le déclenchement de cette nouvelle guerre en Europe, implique lourdement l’Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord.
Le Norvégien Jens Stoltenberg est le secrétaire général de l’Otan. C’est le PDG de la plus grande usine à terrorisme du monde. Son budget officiel tourneà 156 milliards d’euros. Autant en moins pour la survie de l’espèce humaine.
La CIA fournit la totalité des renseignements dont il peut disposer. Belle garantie d’impartialité pour les 32 autres pays membres. En plus, il leur est exigé de sacrifier 2,5 % de leur PIB sur l’autel du militarisme !
Apeuré par l’encerclement des armées occidentales fascistes (maisy a-t-il une armée qui ne soit pas fasciste ?), le KGB a fait lancer l’Opération Militaire Spéciale par le Président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême de Russie.
Unebataille stratégique se déroule autour des six réacteurs nucléaires de Zaporijjia (ce qui signifie “la terre au-delà des rapides”, la région si chère à Nestor Makhno). Le combat se stabiliserait en une guerre de position : avec les centrales occupées par des commandos de 500 mercenaires, tatoués à la Wagner, qui contrôlent les 1 000 salariés ukrainiens d’Energoatom. Encore plus fou qu’en France, les dysfonctionnements de ces centrales ont de quoi faire trembler toute la planète.
L’Otan, belligérante par procuration, a fourni gracieusement d’énormes stocks d’armes et des instructeurs à l’Ukraine. Au point que le redoutable président Vladimir Poutine voit l’invasion par ses 190 000 soldats mise en échec. Il a obtenu, auprès de Kim Jong-un, son homologue de Corée du Nord, le secours de 120 bataillons de mille soldats. Le rappel de 300 000 réservistes demande plusieurs mois, ne serait-ce que pour les conditionner au meurtre. D’autant plus que de nombreux s’enfuient par la Finlande, la Turquie ou la Géorgie. La prochaine grande offensive ne s’envisagerait donc qu’à la fin de l’hiver…
Après 8 mois de guerre, les fabricants et les marchands d’armes ont engrangé d’énormes profits, ainsi, d’ailleurs, que les milliardaires-oligarques toutes patries confondues. La mafia des ultra-riches a tout intérêt que cette guerre traîne en longueur.
Le terrorisme des bombardements aveugles et du « tirez-dans le tas ! », provoquent des milliers de victimes civiles en Ukraine ou au Donbass. Il en est, hélas, de même partout ailleurs où les militaires se défoulent. L’exemple le plus énorme se déroule en Palestine depuis 74 ans.
Combien de coups de pieds au cul faudra-t-il pour que les Français·es prennent enfin conscience des abjectes manipulations nationalistes commises par les Chefs d’États ?
En France, neuf oligarques contrôlent 90 % du matraquage médiatique. Est-ce une raison pour que, la quasi totalité de la population prenne fait et cause pour le camp de l’agressé ukrainien ? Faut-il partir la fleur au fusil, comme en 1914 ?
Quels monstrueux handicaps de perception empêchent-ils de voir tous ces champs d’horreur ? Comme l’écrit Sorj Chalandon, dans Le quatrième mur : « La guerre, c’est ça. Avant le cri des hommes, le sang versé, les tombes, les larmes infinies qui suintent des villes, les maisons détruites, les hordes apeurées, la guerre est un vacarme à briser les crânes, à écraser les yeux, à serrer les gorges jusqu’à ce que l’air renonce. »
Qui peut croire en 2022 à la protection par une armée ? Terroriser, torturer, violer, mutiler, tuer est-ce cela se défendre ? Les gens en armes provoquent toujours plus de crimes : du LBD aux mini drones, des chars Leclerc aux canons Caesar, des sous-marins nucléaires aux bombardiers éponymes, tout est à jeter ! Le seul moyen d’arrêter les guerres, c’est d’affirmer haut et fort notre droit au refus de tuer. Accepter de porter une arme, c’est consentir à assassiner d’autres humains. Endosser un uniforme, c’est obéir lâchement à des chefs. C’est commettre des meurtres “sur ordre” et recevoir des merdailles.La résistance civile non-violente en Iran ou, partout dans le monde, celle des objecteurs, des insoumis et des déserteurs, ça c’est du vrai courage ! Comment justifier l’existence d’une armée sinon en inventant chaque jour de nouveaux ennemis ? La paranoïa du chef militaire Emmanuel Macron lui fait embrigader les jeunes filles et garçons de 15 à 18 ans, dans le Service national universel. Objectif : renouveler le cheptel militaire, et non pas aider àl’accueil des réfugiés climatiques ! Nous appelons les esprits libres à rejoindre le Collectif limousin NON AU SNU pour enrayer cet abominable conditionnement de mineurs à la préparation de la guerre. Impossible de vouloir la paix sans préparer la paix ! Seule l’abolition de l’armée peut ôter définitivement la guerre. Si désarmer unilatéralement fait trembler à ce point les chefs d’État, voilà bien la preuve qu’ils veulent soumettre les peuples par la terreur. Ils produiront de nouvelles montagnes de cadavres, mais… toujours avec la peau des autres. Vivent les réfractaires à toutes les armées ! Vivent les pionniers d’un monde sans guerre ! Maudits soient les militaires !
Agathe Winocq intervient pour l’Union Départementale CGT de la Creuse
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Cher-e-s camarades.
C’est un honneur pour moi d’être ce 11 Novembre la porte-parole de la délégation CGT devant le monument aux morts de Gentioux. Devant ce monument à la mémoire des enfants de Gentioux et de tous les enfants de France morts inutilement, nous tenons à saluer la mémoire de nos camarades Félix Baudy, Henry Prebost et Antoine Morange ; fusillés pour l’exemple aux âges de 34, 31 et 32 ans, en raison de leur appartenance à la CGT. Nos trois camarades étaient syndiqués à Lyon. C’est dans cette ville, le 16 décembre 1912, que 50 000 manifestants (selon la CGT) se mobilisaient pour faire « la guerre à la guerre » face au conflit des Balkans qui menaçait d’embraser l’Europe. Une mobilisation historique. Parmi eux se trouvaient Félix Baudy, Henry Prebost et Antoine Morange. Il y a 110 ans, nos camarades s’étaient battus pour la paix et la justice sociale. A notre tour de nous mobiliser pour qu’une telle tragédie ne se reproduise pas. Une guerre mondiale menace, peut-on encore l’empêcher ? Que ferons-nous si elle éclate ? Car aujourd’hui, la guerre est en Ukraine et les conflits se poursuivent au Yémen, en Syrie, en République centrafricaine, en Irak… menaçant à tout moment de tout emporter. La CGT est persuadée que le mouvement ouvrier est un rempart contre la « catastrophe ». Partout le droit international est bafoué. Les conflits continuent de réduire les populations à la misère et à l’exil, subissant la haine et le fanatisme. Le droit à la paix, à la sécurité et à la liberté de circulation de tout être humain et des populations doit constituer une obligation fondamentale des Etats et des institutions internationales. La lutte contre le capitalisme mondialisé participe du droit à la paix. Ce système par nature inégalitaire engendre la misère, le désespoir, le chômage et la détresse. L’éradiquer est donc une des conditions de la paix. La CGT réitère son opposition au commerce des armes et des munitions, à la prolifération des armes de destruction massive, qui participe à la déstabilisation de régions entières, au surarmement et à l’insécurité. La prolifération des complexes militaro-industriels privés aboutit à remettre en cause les traités et les conventions signés par les Etats. Nous demandons à la France de porter le projet d’une réforme du conseil de sécurité de l’ONU, sans droit de véto, et élargie à l’Afrique, à l’Asie et à l’Amérique Latine. Nous tenons à réaffirmer que la classe ouvrière internationale n’a jamais rien à gagner dans la guerre. Pour la CGT, ce sont toujours les travailleuses et les travailleurs, quel que soit leurs origines, qui sont les premières victimes de la guerre. Nos combats sont uniquement ceux pour la justice sociale, la fraternité et la solidarité entre les peuples. Ce sont eux qui feront reculer les guerres, le terrorisme, l’obscurantisme, le racisme… Maudite soit la guerre, maudits soient ses bourreaux !
David GROSVALLET intervient pour l’Union départementale de la CGT-FO de la Creuse.
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Durant la Première Guerre mondiale, dans toutes les armées impliquées dans le conflit, accusés le plus souvent de mutilations volontaires, d’abandon de poste ou de refus d’obéissance en présence de l’ennemi, des soldats ont péri sous les balles de pelotons d’exécution à la demande de juridictions militaires d’exception ayant violé les garanties procédurales les plus élémentaires auxquelles ils avaient droit, voire d’officiers ayant agi de façon totalement arbitraire en dehors de tout cadre légal.
Si des pays comme le Royaume-Uni ont reconnu l’injustice qui a frappé ces hommes, la France n’a jusqu’à présent pris aucune mesure officielle allant dans ce sens, alors même que le nombre des victimes est très élevé. Depuis plus de 30ans maintenant la revendication de la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 1914-1918 est revenue devant la scène de l’opinion publique. En l’absence de réponse à leurs yeux satisfaisante, les partisans de la réhabilitation collective des fusillés ont fait ériger un monument en leur mémoire financé par souscription. La confédération FORCE OUVRIÈRE a d’ailleurs participé officiellement à son inauguration le 6 avril 2019, celui-ci se trouve sur la ligne de front, à Chauny dans le département de l’Aisne. Nous tenons à saluer le rôle déterminant de la Fédération Nationale de la Libre Pensée. Ce combat vient de franchir une nouvelle étape décisive : le 13 janvier 2022 l’Assemblée
Nationale a voté en première lecture la proposition de loi visant à réhabiliter les militaires « Fusillés pour l’exemple » durant la première guerre mondiale, déposée par quarante- quatre députés inscrits dans différents groupes parlementaires. Cette proposition de loi pour être définitivement adoptée doit être votée par le Sénat dans les mêmes termes. La procédure est en cours, nous invitons les Sénateurs creusois à la voter pour que cette réhabilitation collective soit effective. Nous avons pris connaissance de la longue liste des 196 travailleurs et salariés, fusillés pour l’exemple lors du premier conflit mondial.
L’UD-CGT-FO de la Creuse tient à nouveau à dénoncer : L’incompétence bien connue des généraux de la Grande Guerre, avec la complicité active du pouvoir civil, a frappé de façon aveugle dans la troupe afin de faire retomber sur les poilus la responsabilité des échecs subis lors de cet interminable conflit. Que, parmi les fusillés pour l’exemple, nombreux furent ceux qui sont tombés victimes de balles françaises parce qu’ils étaient des syndicalistes de la CGT, alors unique, CGT historique dont est issue Force Ouvrière. Il y a eu dans le choix opéré par les hauts-gradés de l’armée française, pour attacher de prétendus coupables au poteau d’exécution, une sorte de vengeance de classe qui s ‘est exercée à l’encontre de poilus syndiqués dans la vie civile et repérés comme tels. Ce qui est sûr, c’est que ce sont en majorité des jeunes gens issus des couches populaires, avec lesquelles les hauts-gradés aimaient à régler des comptes de « classe », comme l’exemple des « fusillés de Flirey » en 1915, dont Félix Baudy, militant du syndicat des maçons de la Creuse, connu pour son engagement syndical, et bien d’autres exemples nous le donnent à penser. Conscient que le mouvement syndical a pour objet la défense inconditionnelle des intérêts matériels et moraux des salariés, hier comme aujourd’hui et demain, nous ne pouvons rester indifférents à ce déni de justice commis par les tribunaux militaires contre les nôtres.
L’Union Départementale CGT-FORCE OUVRIÈRE DE LA CREUSE demande justice pour les 196 travailleurs exécutés par l’injustice militaire. MAUDITE SOIT LA GUERRE !
Sophie KALAÏTZIS intervient au nom du Mouvement de la Paix de la Creuse
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Bonjour,
Inlassablement nous exprimons notre profonde opposition aux guerres. De ce Monument aux 63 noms émane une grande tristesse pour toutes ces jeunes vies fauchées, ce Monument nous galvanise dans notre engagement pacifiste par son message gravé et la symbolique de cet enfant le poing levé vers le message « Maudite soit la guerre » gravé pour mieux durer. Les guerres perdurent, la technologie militaire évolue. Les guerres se sont multipliées sur la planète, mobilisant des armes toujours plus perfectionnées. Le secteur Recherche et Développement de l’industrie militaire a bénéficié de moyens ; il a mobilisé des intelligences et engagé de l’argent pour moderniser le matériel. Selon le CIDEF (Conseil des industries de défense françaises) l’industrie de défense emploie 54% d’ingénieurs et cadres et 30% de techniciens et employés mais seulement 16% d’ouvriers. Dans ce secteur, la recherche va bon train. Nos chercheurs en matière d’armement se sont investis ; ils ont conçu l’arme létale absolue, l’arme nucléaire ; ils ont conçu : « les munitions rodeuses »
Au catalogue des armes nucléaires on trouve :
– Historiques, expérimentées sur le Japon en 1945 : Little boy bombe atomique américaine qui a rasé Hiroshima en 1945 et tué 140 000 personnes dans l’instant et Fat man bombe atomique américaine qui a rasé Nagasaki et fait 70 000 morts dans l’instant.
- Fabriquées par 9 pays et stockées chez eux et ailleurs, les bombes nucléaires « classiques ».
- Entrant au catalogue, la bombe atomique « low yield » (« faible rendement ») ; ses effets doivent être mieux centrés sur la cible et avec elle, on entre dans l’usage éventuel.
Ces munitions nucléaires concentrent toute l’inconséquence de la politique par la violence. L’arme nucléaire peut tuer instantanément une population, sa capacité de tuer persiste longtemps après son largage, le stock mondial (13 000 têtes en 2022) peut anéantir la planète ; elle coûte cher en recherche, conception et maintenance.
- Au catalogue des « munitions rodeuses », on trouve :
Switchblade, américaine, elle est opérationnelle. C’est un drône suicide, il tient dans un sac à dos, il est lancé par un tube lance-missile, il vole vers son objectif, s’écrase sur sa cible en faisant détoner sa charge explosive.
Colibri français, devra pouvoir opérer pendant 30 minutes sur une zone située à 5 km de son site de lancement ; elle pourra comporter un drône d’observation réutilisable et une munition largable ; Colibri devra pouvoir détruire un véhicule non blindé. Le coût des consommables lors d’un tir ne devrait pas dépasser 20 000 euros.
Larinae français, plus puissant, il pourra opérer pendant plus d’une heure, à une distance de 50 km de son point de départ ; il devra pouvoir détruire avec une précision métrique, il devrait pouvoir traiter des blindés lourds, des personnels à découvert et pouvoir exploser à l’intérieur d’un bâtiment. Le coût des consommables lors d’un tir pourra atteindre 200 000 euros (équivalent au coût d’un tir de missile antichar nouvelle génération).
Colibri et Larinae, français, n’existent pas encore, elles sont l’objet d’un appel d’offre lancé en mai 2022 par la DGA (Direction générale de l’armement) et l’AID (Agence de l’Innovation de défense).
Ces munitions rodeuses ne sont pas chères, pas encombrantes, elles frappent loin avec précision ; elles sont programmées pour mutiler ou déchiqueter précisément leur cible. Dans l’armement, les avancées technologiques sont de fait une scandaleuse régression humaine. Avec les munitions rodeuses, on passe de la « tuerie de masse » de la guerre de 14-18 à la « guerre chirurgicale » actuelle. Avec l’arme nucléaire, on plonge dans la dissuasion nucléaire, la « dorsale de notre sécurité » selon le Président de la République, on fait peur avec la menace du pire.
La guerre est une régression humaine absolue
La guerre hypothèque notre avenir ; c’est la mise en danger de la planète entière à chaque instant. C’est le gouffre de l’intelligence ; c’est la porte ouverte aux restrictions des libertés ; c’est le détournement des moyens indispensables au bien-être des populations ; c’est la mort pour les peuples qu’ils soient soldats ou civils. La guerre, c’est l’occasion offerte aux profiteurs d’engranger encore plus de profit. Cadré par la Charte des Nations Unies, notre avenir passe par la voie de la diplomatie. Maudite soit la guerre !
Discours prononcé par Catherine Couturier, députée NUPES de la Creuse
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Il y a un siècle à la onzième heure du onzième jour du onzième mois de 1918, sur les champs de bataille, le son du clairon retentissait : l’armistice entrait en vigueur. Après quatre ans, les combats cessaient enfin. La Première guerre mondiale s’achève et laisse derrière elle un monde dévasté, une terre jonchée de cadavres. Le bilan de ces quatre années de folie meurtrière ne peut qu’inspirer l’effroi, l’horreur. Dix millions de combattants sont morts dans le monde. Un million quatre cent mille français. Pour ceux qui ont survécu et reviennent, la victoire est sans éclat. Il n’y a pas de liesse pour les mutilés du corps – un million trois cent mille invalides et « gueules cassées ». Ni pour ceux de l’âme, marqués à vie par le deuil de leurs camarades disparus. Aux souffrances des soldats sont venues s’ajouter celles des civils. Ces hommes, et surtout ces femmes, qui ont connu l’angoisse et l’innommable douleur d’attendre, et souvent de perdre, un mari, un père, un fils parti au front. Qui ont subi la dureté d’un quotidien marqué par le rationnement et les pénuries. Ces hommes et ces femmes qui ont travaillé à l’effort de guerre : plus d’un million six cent mille ouvriers et ouvrières, paysans et paysannes mobilisées dans les usines d’armements et les fermes. Soldats, civils, hommes, femmes, enfants : C’est la patrie et le peuple tout entiers qui ont payé l’impôt du sang à cette « guerre totale ». La France a une dette éternelle envers ces hommes et femmes qui ont donné leur vie. Comme tous les territoires, la Creuse, et toutes les communes de France, Gentioux n’a pas échappé à l’orage, dont Jean Jaurès évoque à Lyon le 25 juillet 1914 où il prononça, un discours resté célèbre : ” le capitalisme porte à lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! ” . Face à l’incurie du haut commandement les troupes supporteront de plus en plus mal les ordres absurdes qui les mènent à la mort comme le rappelle la chanson de Craonne : « Adieu la vie, adieu l’amour, Adieu toues les femmes (…) C’est nous les sacrifiés. » Elle révèle la lutte des classes souterraines : « Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront ; Car c’est pour eux qu’on crève. » 63 noms sont gravés sur le monument de Gentioux. Ce monument, à l’initiative du maire du village, Jules Coutaud, maréchal-ferrant, ancien combattant de guerre gazé, retient avec son conseil municipal l’un des trois projets présentés. Celui de monsieur Duburgt, qui explique ainsi son choix : « Plutôt qu’un poilu, j’ai voulu traduire un cri du cœur. J’ai donc dessiné un orphelin, en tenue d’écolier, montrant du doigt cette inscription gravée dans la pierre et qui était alors sur toutes les lèvres : «Maudite soit la guerre ! » Ce choix est lourd de sens. Car cette guerre, la grande masse des peuples mobilisés ne l’ont pas voulue en 1914. Le grand historien Marc Bloch a bien décrit l’esprit qui règne alors, loin de toute liesse guerrière : « la tristesse qui était au fond de tous les cœurs ne s’étalait point ; seulement, les femmes avaient les yeux gonflés et rouges ; les hommes pour la plupart n’étaient pas gais, ils étaient résolus (…) ». Ils se sont résolus à faire la guerre, et se sont battus avec héroïsme pour vaincre. Car il fallait défendre la patrie en danger. Défendre la République et l’idéal démocratique, menacés par les ambitions conquérantes des Empires centraux. Mais ils n’ont jamais cessé d’aspirer à la paix. C’est cette volonté de défendre la patrie et ce désir de paix qui leur ont permis de tenir, et d’endurer toutes les rigueurs du combat : « le soldat ne se bat ni pour l’Alsace, ni pour ruiner l’Allemagne. Il se bat par honnêteté, par habitude et force », écrivait ainsi un jeune officier en janvier 1916. Quel plus bel hommage à la « décence ordinaire » du peuple ? Et c’est ce même désir de paix qui a continué à animer les anciens combattants après 1918, lorsqu’ils tiraient de leur expérience la seule leçon qui vaille : « Plus jamais la guerre, plus jamais ça ! ». Si nous sommes réunis aujourd’hui, ce n’est donc pas seulement pour célébrer la victoire militaire de la France. Les « poilus » eux-mêmes ne l’auraient pas voulu. Ils n’auraient pas voulu non plus que nous oubliions de nous souvenir avec compassion de ceux de leurs camarades qui, mutins ou déserteurs, mus par un choix résolu ou par le découragement, ont désobéi. Près de mille d’entre eux payèrent cette désobéissance de leur vie, après des jugements qui n’avaient rien de la justice. S’il faut aujourd’hui réhabiliter une mémoire, c’est bien celle de ces « fusillés pour l’exemple », qui n’ont pas voulu ou pas pu supporter l’épreuve du carnage. Et non celle de quelque Maréchal, que ses actions traitresses et criminelles ne peuvent que vouer à tout jamais à l’indignité nationale. Ce que les survivants de l’enfer des tranchées auraient voulu plus que tout, c’est que nous commémorions l’ensemble des souffrances de ces années 1914-1918, et celles des combattants et combattantes de tous les conflits menés pour la défense du territoire national.
Tous ces sacrifices nous obligent, pour qu’ils n’aient pas été vains, à veiller sans relâche à préserver ce
bien le plus précieux, aussi inestimable que fragile : la Paix ! Veiller à préserver la paix suppose de comprendre comment le monde a pu s’embraser et sombrer dans l’horreur en 1914. On a coutume d’imputer la guerre à l’effroyable frénésie nationaliste qui s’était emparée de tous les États européens. Et l’on a raison. Mais il faut se souvenir que cette frénésie était avant tout celle de dirigeants irresponsables, et de certaines forces politiques, l’éternel camp de la haine. Jusqu’aux derniers jours de juillet 1914, la masse laborieuse du peuple, dont le mouvement ouvrier portait alors la parole, espéra, elle, que la catastrophe puisse être évitée. Quelle meilleure incarnation de cette noble espérance que la figure de Jaurès ? Jaurès, convaincu jusqu’au bout, avant de tomber le 31 juillet 1914 sous les balles d’un fanatique d’extrême-droite, que la fraternité internationale des humbles pourrait empêcher les puissants de jeter les peuples les uns contre les autres, et le monde dans l’abîme. Ce que Jaurès nous rappelle encore, c’est qu’incriminer le nationalisme ne suffit pas. Encore faut-il comprendre le terreau dont se nourrit le ressentiment, ce capitalisme qui, disait-il, «porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ».
Les cinquante années qui précèdent 1914 sont marquées par une « première mondialisation ». La
circulation des capitaux et des marchandises atteint des niveaux sans précédents. Autour de 1900 –
déjà ! – les apôtres du capitalisme débridé expliquent que le libre jeu des forces économiques produira,
comme par magie, le bien-être de tous et la paix perpétuelle. Quelle erreur ! C’est tout le contraire qui se produit. « Libérer les énergies » des forces économiques engendre la guerre de tous contre tous.
L’accumulation sans bornes des profits entre quelques mains se fait au prix de crises toujours plus
intenses, et de l’exploitation de cohortes de miséreux. Pour les détourner de la lutte sociale, les
puissants sèment le poison du nationalisme. Les nations se livrent une concurrence toujours plus
féroce pour l’accès aux marchés et aux matières premières. C’est cette guerre économique sans pitié
qui donne naissance au choc des impérialismes, et au cauchemar de 1914-1918. Il a fallu cette première « Grande guerre », et sa répétition, plus meurtrière encore, en 1939-1945, pour que la leçon soit retenue.
Pendant quelques décennies, les forces du nationalisme, et de sa matrice, le capitalisme sauvage, ont
été partiellement jugulées. En France, le programme du Conseil National de la Résistance rendit possible le progrès social. Dans le monde, l’Organisation des Nations Unies permit d’éviter un nouveau conflit généralisé, malgré les tensions de la Guerre Froide. Mais cet équilibre ne fut que temporaire. Aujourd’hui, les nuages s’amoncellent à nouveau. Car les dominants, avides de profit, œuvrent une nouvelle fois à déréguler l’économie. A partir de 1990, la circulation des marchandises et des capitaux a retrouvé, puis dépassé, son niveau d’avant 1914. La compétition sans merci est à nouveau à l’ordre du jour. Les nations rivalisent impitoyablement pour attirer les investissements et s’arroger l’accès aux marchés. La construction européenne elle-même, née d’un noble élan pacifiste, a été détournée de son but. Elle s’est transformée en une machine à produire la concurrence généralisée, pour le grand profit de la caste et le plus grand malheur des peuples. La masse de celles et ceux qui se trouvent ainsi jetés dans la précarité pourrait à nouveau succomber à la tentation nationaliste. Empêcher que les mêmes causes produisent les mêmes effets qu’en 1914-1918, et préserver ainsi la paix : telle est aujourd’hui notre ardente obligation. Cent ans après 1918, à l’heure de commémorer les morts de la « Grande Guerre », il nous faut retenir la leçon de leur sacrifice afin d’empêcher que la catastrophe ne se répète. Laissons parler le grand
Jaurès : « Il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples. C’est abolir la guerre économique,
le désordre de la société présente. C’est de substituer à la lutte universelle pour la vie, qui aboutit à la
lutte universelle sur les champs de bataille, un régime de concorde sociale et d’unité. »
Maudite soit la guerre !
Un message de Monique Beyssen, déléguée régionale de la Ligue des Droits de l’Homme du Limousin, lu par Philippe Janot
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Bonjour à toutes et tous,
La Ligue des Droits de l’Homme vous demande de bien vouloir excuser ses membres militants de ne pouvoir être effectivement présents à vos côtés mais des impératifs personnels les en ont empêché. Je tiens à remercier tout particulièrement Régis Parayre, Président du Comité Laïque des Amis du Monuments aux Morts de Gentioux, d’avoir accepter de lire l’intervention de la LDH. L’année dernière, la LDH redisait son indignation de devoir encore et toujours, plus de 100 ans après la fin de la grande guerre, réclamer, combattre pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple. Après une lueur d’espoir avec le dépôt d’une loi fin 2021 et son adoption par l’Assemblée Nationale en première lecture en janvier 2022, il reste maintenant l’examen par le Sénat et vote en des termes rigoureusement identiques, sinon il y aura un deuxième examen par l’Assemblée Nationale et donc un risque de retard à la promulgation, voire pire. Espérons que presque 25 ans après la déclaration de Lionel Jospin à Craonne : « … Tous doivent réintégrer pleinement notre mémoire collective nationale… », la réhabilitation de TOUS les fusillés pour l’exemple sera réellement effective et que l’honneur de ces soldats et leurs familles ne sera plus sali. « Maudite soit la guerre » est-il gravé sur le monument aux morts de Gentioux ; oui maudite soit la guerre et pourtant depuis février la guerre est aux portes de l’Europe. L’Ukraine est agressée militairement par la Russie sans respect du droit international et des règles posées par les conventions de Genève en temps de guerre ; des villes sont bombardées, la population civile – femmes, hommes, enfants – est massacrée ; l’exode est pour quelques-uns une triste et terrible réalité pleine de danger. Et comment ne pas faire un lien entre ces hommes russes qui fuient leur pays pour échapper à l’ordre de mobilisation et qui, s’ils sont pris, risquent leur vie et les fusillés pour l’exemple de la grande guerre. Engageons-nous pour que cesse cette guerre fratricide et c’est l’action menée par la LDH, notamment au sein du collectif national des marches pour la Paix.
Disons, redisons encore et encore « maudite soit la guerre ». Battons-nous pour que vive réellement la Paix dans le monde
Discours prononcé par Philippe Besson, membre du Conseil international de l’AILP, au nom de la Fédération nationale de la Libre Pensée.
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Amis, Citoyens, compagnons, camarades,
Je vous apporte ici le salut fraternel de la Fédération national de la Libre Pensée et de la Fédération nationale Laïque des Monuments pacifistes. On sait que la Première Guerre mondiale vit des millions d’hommes sous l’uniforme se battre et mourir dans les tranchées sanglantes. Les 40 000 monuments aux morts de ce pays témoignent de ce flot de sang. La paysannerie paya le prix du sang, c’est cette catégorie sociale qui fut le plus mise à contribution pour que la Grande Faucheuse soit rassasiée de la chair de millions de travailleurs de la terre. Comme il fallait faire tourner les usines de guerre, alors on rapatria du Front plus d’un million de travailleurs vers l’arrière. Il resta cependant aussi beaucoup d’ouvriers (les paysans sont aussi des travailleurs) à côté de la grande masse des paysans sous l’uniforme garance puis bleu-horizon. Dans la Guerre de 1914-1918, sur les 3,5 millions de paysans mobilisés, 670 000 sont morts et 500 000 furent mutilés au point qu’ils ne purent jamais retravailler. Durant la Première Guerre mondiale, dans toutes les armées impliquées dans le conflit, des soldats ont péri sous les balles de pelotons d’exécution, accusés le plus souvent de mutilations volontaires, d’abandon de poste ou de refus d’obéissance en présence de l’ennemi. Ces exécutions ont été faites à la demande de juridictions militaires d’exception ayant violé les garanties procédurales les plus élémentaires auxquelles ils avaient droit, voire d’officiers ayant agi de façon totalement arbitraire en dehors de tout cadre légal. Si des pays comme le Royaume-Uni ont reconnu l’injustice qui a frappé ces hommes, la France n’a jusqu’à présent pris aucune mesure officielle allant dans ce sens alors même que le nombre des victimes est très élevé. Le prix du sang fut élevé partout. En voici quelques exemples pour les Fusillés pour l’exemple : 48 en Allemagne ; 346 pour l’Empire Britannique ; 639 en France ; 754 dans l’Empire Austro-Hongrois ; 729 en Italie ; 14 en Belgique. Nos camarades libres penseurs belges sont en contact avec les autorités de leur pays pour qu’une déclaration politique soit adoptée par le Parlement pour rendre leur honneur à ses hommes, victimes de guerre et victimes de l’Injustice militaire. C’était la double peine. Le rétablissement de leurs dignités volées ne se fera pas par une loi, car, c’est un fait peu connu, une loi d’amnistie générale a été en votée en juillet 1940, pour tous les actes d’insoumission et de désobéissance commis pendant la Première Guerre mondiale. Amnistie vaut réhabilitation. Mais on peut aller plus loin et cela nous aiderait dans notre combat de Justice en France. Il fallait un certain courage pour voter cela en juillet 1940, quand la Belgique allait être sous la botte nazie. Le débat entre les partisans de la Réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple et les partisans du « au cas par cas » n’a plus lieu d’être mené aujourd’hui. Il est révolu et dépassé et nous tirerait en arrière dans notre action de Justice si on continuait à en débattre. Dépassé, car si la Cour de cassation cassait tous les jugements des Conseils de guerre spéciaux et « normaux », si tant est qu’il puisse y avoir une justice militaire normale, car c’est une justice d’exception par essence, il faudrait alors refaire tous les procès et ce, sans instruction pour un quart des dossiers détruits lors de la Seconde guerre mondiale et sans témoins, vivants de l’accusation et de la défense. Un procès sans dossier d’instruction, sans témoins, est une impasse totale et c’est infaisable par nature. C’est donc une argutie pour empêcher la réhabilitation des Fusillés. L’avenir se chargera de répondre quelle est la vraie cause de tout cela. C’est aussi dépassé et révolu, car comme le disait Friedrich Engels : « La preuve du pudding est qu’on le mange ». Et le pudding a été le vote en première lecture à l’Assemblée nationale en janvier 2022 d’une proposition de loi portant réhabilitation collective. Cela change tout, car il n’y a plus d’intérêt à agir pour les tenants du « au cas par cas ». Désormais, chacun est devant ses responsabilités et sa conscience. Cette proposition de loi a été présentée par 40 députés de différents Groupes parlementaires et le Groupe de la France Insoumise en a été le moteur inlassable, et nous l’en remercions chaleureusement. Chacun est confronté à cette loi votée à l’Assemblé nationale. Ne pas la soutenir, c’est refuser de refermer ce kyste mémoriel pour que le temps fasse son œuvre, en effaçant la douleur et pour redonner espoir. L’Injustice a été vaincue et cela éclairera d’un soleil nouveau l’Humanité dans la lutte pour son émancipation. En cas de guerre, rien ne sera plus comme avant. C’est la responsabilité de chacun pour les jeunes et futures génération qui est posée là, comme un livre ouvert. Faut-il écrire une nouvelle et belle page ou y faire des ratures ? Chacun est devant sa conscience. On ne juge jamais les intentions, on juge les actes. Cela serait passé à côté de l’Histoire sans jamais y rentrer que de pas mener cette action de Justice. Comme le disait Goethe : « Continuons notre route par-delà les tombeaux » et rappelons ce très beau poème d’Arthur Rimbaud intitulé Les corbeaux :
« Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d’avant-hier,
Tournoyez, n’est-ce pas, l’hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir ! »
Le Monde libertaire, organe de la Fédération anarchiste rappelait récemment une règle orthographique simple, on doit dire : « Un général, des générés ». Nous n’oublierons pas les Généraux fusilleurs qui resteront toujours dans l’opprobre de la conscience humaine. Parce que nous pensons, comme le disait Buenaventura Durruti : « Nous avons dans le cœur un monde nouveau », les partisans de la Réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple œuvrent inlassablement à cette juste cause. Un monument a été érigé à Chauny sur la ligne de Front dite « Hindenburg » en hommage aux 639 Fusillés pour l’exemple. Nous tenons à remercier chaleureusement le maire de l’époque Marcel Lalonde d’avoir permis cela et nous remercions aussi le nouveau maire Emmanuel Liévin de poursuivre dans cette voie de Justice. Un rassemblement pacifiste a lieu en ce moment devant ce très beau monument symbolique. La Libre Pensée, l’Association républicaine des Anciens Combattants, la Fédération nationale laïque des Monuments pacifistes, l’Union Pacifiste de France, la 4ACG des Anciens appelés d’Algérie vont s’adresser prochainement à tous les Sénateurs et Sénatrices pour que ils et elles votent Pour la proposition de loi quand elle passera au Sénat. Nous avons obtenus des Groupes parlementaires sénatoriaux Communiste, Socialiste, Ecologiste que cette proposition de loi soit inscrite prochainement dans une niche parlementaire au Sénat. Nous les en remercions et nous souhaitons que cela se fasse au plus vite.
Nous demandons à tous les partisans de la Réhabilitation collective de poursuivre et d‘intensifier leurs démarches auprès des membres du Sénat pour qu’ils votent Pour cette proposition de loi ou, dans tous les cas, qu’ils ne votent pas Contre. Et surtout qu’ils n’apportent aucune modification ou amendements à la proposition de loi telle qu’elle a été votée en première lecture à l’Assemblée nationale, le moindre amendement obligerait à revenir devant elle, et rien ne garantit que cette proposition de loi passerait à nouveau. Les organisations syndicales Force ouvrière et particulièrement son Secrétaire général Fréderic Souillot, la FSU et Sud-Education ont pris position pour la Réhabilitation collective en publiant la liste des 196 travailleurs Fusillés par les pelotons d’exécution. Nous nous sommes aussi adressés à la CGT, au SE-UNSA et à la CNT-AIT pour qu’elles en fassent de même. Nous attendons leurs réponses. Un Appel au Monde paysan pour cela a été envoyé aux syndicats et à la presse agricoles avec la liste des paysans identifiés comme tels dans les listes connues qui ont été passés par les armes dans une justice inhumaine et d‘exception.Àl’heure où le monde entier et particulièrement l’Europe connaît à nouveau le bruit des canons, le fracas des armes et que le sang coule à flot, l’Union Pacifiste de France et la Fédération Nationale de la Libre Pensée, fidèles à leurs idéaux et aux intérêts des peuples, ont décidé d’organiser des rassemblements pacifistes autour du 11 novembre, afin de faire de cette date un grand moment de mobilisation contre la guerre et pour la Réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple de la Première guerre mondiale. La FNLP et l’UPF apportent leur soutien indéfectible à tous les déserteurs et mutins de toutes les armées de tous les pays qui refusent de verser le sang des autres. Elles soutiennent leur droit d’être accueillis et protégés en tant que réfugiés. Nos deux associations ont aussi publiée la liste des déserteurs, insoumis et mutins qui ont été passés par les armes pour désobéissance et refus de guerre, lors de la Première guerre mondiale. A l’heure où les canons tonnent de plus belle en Europe, un continent qui n’a jamais connu réellement la paix depuis 1945 et où les lobbys militaro-industriels empochent des milliards de bénéfices en fond publics sur le sang versé par les peuples que l’on dresse les uns contre les autres, la Libre Pensée rappelle ces fortes paroles du Groupe Octobre en 1932 :
« Attention, camarade, attention,
Mourir pour la Patrie, c’est mourir pour Renault
Pour Renault, pour le Pape, pour Chiappe
Pour les marchands de viande,
Pour les marchands de canon,
Ici les enfants jouent avec la tuberculose dans les ruisseaux ».
Alors, oui, encore et toujours :
A bas la guerre !
Maudites soient toutes les guerres !
Paix immédiate en Ukraine et en Russie !
Je vous remercie
Une gerbe fut déposée aux pieds de l’orphelin.
Une minute de silence en hommage aux morts de la guerre et à ceux fusillés pour l’exemple, morts PAR la France, terminait ce rassemblement. Avant qu’il ne se disperse, deux poèmes ont été lus dont un de Prévert, puis la Chanson de Craonne a été entonnée, avec Jean Paul à l’accordéon pour un beau moment d’émotion.
Une délégation s’est ensuite rendue à Royère de Vassivière, sur la tombe de Félix Baudy, maçon Creusois, Fusillé pour l’exemple le 20 Avril 1915, pour un dépôt de gerbe et un instant de recueillement. Ce fut l’occasion pour madame la députée, de découvrir Félix Baudy et ses camarades fusillés pour l’exemple et réhabilités après la guerre grâce à l’action menée par le syndicat des maçons de Lyon auquel ils appartenaient. C’est ce que raconte Régis Parayre à madame Catherine Couturier, au cimetière de Royère et qu’on peut revivre sur cette vidéo.
“L’ombre de l’Ukraine plane sur le rassemblement pacifiste du 11 novembre à Gentioux-Pigerolles (Creuse)” Publié le 11/11/2022 à 18h58 par le journal LA MONTAGNE à découvrir ici