A l’ouest comme à l’est, rien de nouveau
Amis, citoyens, compagnons, camarades,
Je vous apporte le salut fraternel de la Fédération nationale laïques des associations des amis des Monuments pacifistes, républicains et anticléricaux et aussi celui de la Fédération nationale de la Libre Pensée.
Des dizaines de rassemblements pacifistes se tiennent au même moment dans tout le pays pour marquer le refus des internationalistes de voir la guerre continuer à se répandre comme une lèpre sur tous les continents.
La Fédération nationale de la Libre Pensée est toujours à l’initiative de ces rassemblements, car nous combattons le militarisme, le cléricalisme et l’exploitation qui sont les trois piliers de l’asservissement de l’Humanité.
Auguste Blanqui, le grand révolutionnaire de 1848, enfermé en 1871 pour l’empêcher de rejoindre la Commune de Paris, le disait déjà clairement : « Il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours ».
La guerre et la misère, les injures et les eaux bénites sont présentes sur tous les continents. On tue, on massacre, on pille et on exploite sans vergogne les pays soumis à la botte de l’impérialisme américain. La guerre pour le gaz et le pétrole a lieu sur tous les continents.
Sur tous les continents, on viole les droits des peuples à se gouverner eux-mêmes. La guerre en Irak va faire passer la guerre du Viêt-Nam pour une aimable promenade de santé. Des milliers de morts, un pays ruiné, une économie dévastée, des affrontements communautaires sans précédents. Et l’instrumentalisation des religions comme raisons de guerre.
Georges W.Busch avait déclaré qu’il fallait chasser Saddam Hussein pour éviter la guerre et avoir la paix au Moyen-Orient. Avec l’invasion des GI américains, on a une guerre meurtrière et une paix qui fait plus de morts que la guerre !
Il fallait chasser les talibans d’Afghanistan pour repousser l’intégrisme religieux. Dans ce pays, comme avec la nouvelle constitution irakienne, l’Islam est religion d’Etat avec tout son fanatisme et son oppression des femmes. C’est cela le progrès made in Bush ?
Il fallait envahir ces pays pour éliminer le terrorisme, mais le terrorisme ne s’est jamais autant développé. Pour paraphraser Jaurès, on pourrait dire que l’impérialisme nord-américain porte en lui la violence, la mort, les destructions et le terrorisme comme la nuée porte l’orage.
Et pendant ce temps-là, on ne cesse de nous parler de paix. Quel cynisme et quel mensonge ! On se croirait revenu en octobre 1918 quand les massacres faisaient rage dans les tranchées et que des millions de morts succédaient aux millions de morts. Le Grand quartier général allemand faisait une proclamation qui se terminait par ces mots : « A l’ouest, rien de nouveau ».
Avec Bush, Poutine et toutes les autres brutes galonnées, il n’y a vraiment rien de nouveau. Leur vieux monde sent toujours la poudre, l’eau bénite et la misère. Comme le disait le Manifeste de la Commune de Paris : C’est le triomphe des banques, de l’agiotage et de l’exploitation. La mort des peuples résonne en dividendes, les corps mutilés ne sont des que zéros que l’on additionnent à des chèques aux porteurs.
Et la banque et le capitalisme empochent les bénéfices. Anatole France disait alors « On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour les industriels ». Décidément, à l’ouest, il n’y a rien de nouveau !
Nous sommes en 2005, l’année du centième anniversaire de 1905. 1905, c’est l’année de la première révolution russe qui vit ce pays se couvrir de soviets. La démocratie trouvait la forme de son expression réelle. 1905 ouvrait la voie de 1917. L’éclair de 1905 allait donnait la lumière de la Révolution d’octobre 1917. Nous sommes à quelques kilomètres d’un camp où les soldats russes allaient pactiser, à Courtines, avec leurs frères bolcheviks et anarchistes.
Nous sommes en 2005, l’année du centième anniversaire de 1905. 1905, c’est l’année de l’unification du mouvement ouvrier français qui débouchait sur la création du Parti socialiste, Section Française de l’Internationale Ouvrière. Contre la guerre, pour l’internationalisme, les peuples se tendaient la main au-dessus des frontières.
Nous sommes en 2005, l’année du centième anniversaire de 1905. Et dans un élan considérable, le mouvement démocratique et ouvrier allait réaliser la séparation des Eglises et de l’Etat. La Révolution française, la grande révolution selon l’expression de Kropotkine, trouvait ainsi sa réalisation dans l’affirmation de la pleine liberté de conscience.
Aujourd’hui, où en sommes-nous ?
De toute part, la laïcité de l’Ecole et de l’Etat est attaquée. Alors que la loi de séparation des Eglises et de l’Etat interdit toute reconnaissance des cultes par la République, Nicolas Sarkozy – Ministre de l’Intérieur, après avoir « organisé » le Conseil Français du Culte Musulman, met en place une commission pour modifier la loi de 1905 pour satisfaire les demandes des religions.
Dominique de Villepin – Premier Ministre déclare son opposition à toute modification de la loi de 1905, car, pour lui, elle peut être violée impunément sans besoin de la modifier. C’est ainsi que ce gouvernement a maintenu la commission de discussion permanente entre l’Etat et l’Eglise catholique, mise en place par Lionel Jospin en 2002.
Nous ne sommes plus sous le régime de la séparation des Eglises et de l’Etat, mais sous le règne du retour du concordat avec toutes les religions !
Le projet de Traité constitutionnel européen a été rejeté le 29 mai 2005, mais les dispositions antilaïques favorisant les religions se mettent en place sans le dire. Le délit de blasphème se répand comme une lèpre en France. Il est désormais interdit par les tribunaux de parodier ou de critiquer les religions.
En violation de la laïcité institutionnelle, en 2005, ce sont quarante milliards d’Euros qui ont été détournés du budget de l’Ecole publique en faveur de l’enseignement privé catholique. C’est l’équivalent de 200 000 postes (charges sociales comprises) qui est volé à l’Ecole laïque. En 2002, la taxe d’apprentissage a été de 105€ par élève du public contre 332€ pour un élève du privé sous contrat et même 1790€ hors contrat.
En vertu du statut clérical d’Alsace Moselle, chaque mois des milliers de prêtres, de pasteurs et de rabbins sont rétribués grassement sur les fonds publics. Ainsi l’Evêque de Strasbourg perçoit 4484€ (30 000F), le président du Directoire protestant 3150€ (20 000F) et le Grand Rabbin 2916€ (19 000F) payés par nos impôts. Dans toute la France, c’est l’Europe vaticane, cléricale et religieuse qui se met en place.
Quelque soit le gouvernement, les dispositions antilaiques du Régime de Vichy (lois du 5 février 1941, du 8 avril 1942 et du 25 décembre 1942) continuent de s’appliquer et sont même aggravées. Et les ministres d’hier et d’aujourd’hui osent nous parler « de leur attachement à la laïcité » !
Pour la laïcité, il n’y a qu’une seule solution : la défense et la restauration de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat !
C’est pourquoi, plus de 3 000 personnalités laïques, 100 Elus de la République et 48 associations ont rejoint l’initiative du Comité de Liaison de l’Appel aux Laïques qui appelle à la manifestation nationale
« Pour la défense et la promotion de la loi de 1905 »
Samedi 10 décembre à 14H30 – Place de la République à Paris
– Pour la restauration de la loi de 1905 !
– Pour l’abrogation du Statut clérical d’Alsace Moselle !
– Pour le respect du principe : « Fonds publics à la seule Ecole publique » !
– Pour l’abrogation de toutes les lois antilaïques !
– Pour l’avènement d’une laïcité sans frontières !
Le monde que le sabre, le goupillon et le coffre-fort nous préparent, nous le refusons. Libres penseurs, pacifistes et internationalistes, nous ne cesserons de lutter pour la paix, pour la concorde universelle et pour la laïcité partout dans le monde.
Et le meilleur moyen d’avoir la paix, c’est d’œuvrer à un monde débarrassé des exploiteurs, des agioteurs et des religions. Pour éviter la guerre, débarrassons-nous des fauteurs de guerre. De tous ceux qui se complaisent et qui justifient leur existence par la haine des autres.
Alors, oui maudite soit la guerre, toutes les guerres ! Et maudits soient ceux qui les organisent !
Et parce que le monde que nous voulons, c’est l’homme libre dans la société libre ;
Nous serons tous à Paris, le 10 décembre 2005, pour dire, encore et toujours :
Ni dieu, ni maître !
A bas la Calotte !
Et vive la Sociale !
Je vous remercie.
Christian Eyschen
Secrétaire Général de la Libre Pensée