Le monument a été érigé en 1922 à l’initiative du maire de la commune, Jules COUTAUD, membre de la SFIO (section Française de l’Internationale Ouvrière) qui exerçait la profession de maréchal-ferrant. Jules COUTAUD était un ancien combattant lui même gazé sur le front pendant la Première Guerre mondiale. A ce titre sa parole, quand il dénonçait les méfaits de la guerre, avait une véritable légitimité. Son autorité morale était telle que Jules COUTAUD a été maire de GENTIOUX pendant 45 ans de 1920 à 1965. Au regard de cette belle longévité au service de ses concitoyens, on peut mesurer a quel point le monument de GENTIOUX n’est pas né des exubérances d’un esprit fantaisiste.
Trois projets ont été présentés au conseil municipal et c’est celui de Monsieur DUBURGT, conseiller municipal et ébéniste de profession, qui sera retenu. Encore une fois on se rend compte que le choix de ces élus a été le produit d’une véritable volonté et d’une grande détermination.
Une maquette en bois, toujours visible à la mairie, a été construite par monsieur DUBURGT. Ce sont ensuite des artisans locaux qui réaliseront le monument. La sculpture de l’écolier, en fonte, est de Jules Pollacchi. Elle sera fondue par E. Guichard, et c’est l’entrepreneur Émile Eglizeaud, de la commune voisine de Faux la Montagne, qui procédera à l’assemblage des différents éléments du monument. Le coût de l’opération sera de 11 640 francs, couvert avec 3 909 francs de souscription publique, 6 169 francs pris sur le budget communal et 1 562 francs de subvention de l’état.
Le monument de Gentioux, est composé d’un socle et d’une colonne de granit sur laquelle sont gravés les noms des cinquante huit morts de la commune pendant la première guerre mondiale. Sous les noms est gravée l’inscription « Maudite soit la guerre »
Au pied de la colonne se dresse la statut en bronze d’un jeune écolier revêtu de sa blouse, la casquette tenue par sa main gauche dans une posture de respect pour les morts, et le poing droit dressé en direction du monument en signe de révolte contre toute cette souffrance. Nul doute que ce poing dressé à a voir avec la lutte des peuples contre les oppressions dont ils sont les victimes. Nul doute que l’on est là sur le terrain de la lutte des classes, celle des ouvriers, des paysans, des employés, contre les marchands de canons d’hier et d’aujourd’hui toujours avides de dividendes même au prix de la plus grande barbarie.
L’œuvre sera inaugurée en 1922 par les élus locaux et la population. La préfecture refusera d’être représentée en ces temps ou le patriotisme était de rigueur notamment du fait de puissantes organisations d’anciens combattants arc boutées sur ce dérisoire et mortifère sentiment. Ainsi le monument ne fut jamais officiellement inauguré. On raconte que lors du passage des troupes à sa hauteur, lorsque celles-ci rejoignaient le camp militaire de La Courtine, ordre était donné aux hommes de détourner la tête de cet objet sacrilège.
Le monument de Gentioux est inscrit à « l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques au titre des lieux de mémoire », depuis le 9 février 1990 et la mention « Maudite soit la guerre » est maintenant inviolable et rien ne peut être modifié.